Les chauves-souris des blockhaus présentées par des écoliers

Des panneaux pédagogiques ont été installés par des élèves de

primaire devant d’anciens blockhaus à Dalhunden et Auenheim. Il

s’agit d’informer les passants sur la nouvelle fonction de ces

monolithes de béton, réaménagés il y a peu en lieux de repos pour

chauve-souris.

L’entrée est barrée d’une lourde porte métallique fermée à clef, les autres

ouvertures bouchées. Seules quelques petites fenêtres et autres

espacements permettent de communiquer avec l’intérieur. Jadis destinés

à accueillir des soldats, deux bunkers de Auenheim et de Dalhunden ont

été transformés en bastions pour chauve-souris. Le projet, lancé par lesyndicat de lutte contre les moustiques du Bas-Rhin (SLM67) en début

d’année, a pour but de créer des habitats favorables à l’hibernation de ces

mammifères volants et, ce faisant, d’encourager la prédation des

moustiques qui, chaque été, envahissent les communes de la bande

rhénane.

L’idée est également de sensibiliser la population à la cause de cet

animal, souvent accusée – à tort — de ronger des câbles, d’abîmer les

isolations des maisons voire de comportements vampiriques. L’action a

donc également servi de support pédagogique pour des classes de

primaire. À Auenheim, Emma, Timéo, Maëlle, Amélie et Béatrice peuvent

désormais se targuer d’avoir contribué à la protection des chauves-souris.

Ce vendredi après-midi, les cinq élèves de CM2 à l’école de la commune

sont aux côtés du maire Joseph-Ludwig pour inaugurer le panneau

pédagogique qui vient d’être installé devant l’un des bunkers, situé route

de Soufflenheim, en bordure de la forêt. Une heure auparavant, leurs

camarades de l’école de Dalhunden avaient fait de même devant un autre

ancien blockhaus, en présence là aussi du maire Laurent Mockers. Sur la

plaque, la question « Casemate, bunker, que caches-tu ? » est inscrite,

suivie d’un texte informatif à destination des promeneurs sur les chauvessouris

et leur contribution à l’écosystème, accompagné d’illustrations

dessinées par les enfants.

Créée avec l’aide d’un graphiste, cette réalisation est l’aboutissement d’un

travail entrepris avant l’été. Le Centre d’initiation à la nature a réalisé une

quinzaine d’heures d’animation pour les classes des deux communes :

« Nous leur avons parlé de tous les aspects de la chauve-souris : sa

morphologie, son habitat, son régime alimentaire, sa façon de chasser et

même son cycle de vie et les différents lieux où elle se trouve sur une

année, explique Bénédicte Morizot, animatrice nature. Durant ces

séances, nous sommes beaucoup sortis en forêt et avons même réalisé

une soirée d’observation où les parents étaient conviés. »

  • Deux nouveaux sites chaque année

Les enfants n’ont pas été les seuls habitants mobilisés pour ce projet.

Plusieurs bénévoles ont en effet pris part à l’aménagement du bunker,

aidant au débroussaillage et aux autres travaux. À l’intérieur, des briques

creuses ont été installées pour que les chauves-souris puissent s’y nicher

et les ouvertures ont été réduites pour que l’obscurité et l’humidité leur

conviennent. Les lieux n’attendent plus que leurs premiers résidents : « La

période propice à l’arrivée de chauve-souris en quête d’hibernation se

situe entre le 15 décembre et le 15 mars environ » détaille Jean-Martin

Heck, chargé de mission au SLM 67 et initiateur du projet. C’est le Groupe

d’étude et de protection des mammifères d’Alsace (Gepma), qui surveille

déjà une centaine de sites, qui réalisera le suivi des populations de

chauve-souris : « On peut s’attendre à avoir jusqu’à six chauves-souris par

bunker, estime Lisa Thiriet, chargée de mission au sein de l’association.

Parfois, il faut un peu de temps pour qu’elles repèrent les lieux et prennent

l’habitude de venir s’y abriter. »

L’ensemble de l’opération, contenu pédagogique compris, a été

entièrement pris en charge par le SLM67, à hauteur de 8 400 €. Avec les

fonds restants, l’association a déjà entrepris des travaux sur deux anciens

bunkers supplémentaires, à Gambsheim et Rhinau, et projette de

renouveler l’expérience sur deux nouveaux sites chaque année. « Tous

les bunkers ne font pas l’affaire, note Jean-Martin Heck. Il faut qu’ils soient

dans un environnement à la fois adapté aux chauves-souris et proche

d’une commune, pour pouvoir sensibiliser les gens. Nous avons entrepris

de cartographier les sites adéquats sur le département. »