Rountzenheim : Étymologie

D’après la Carte de Cassini Rountzenheim viendrait de Runtzenheim, « Rountz- » est l’écriture française du mot en Moyen-haut-allemand (Mittelhochdeutsch) « Runtz- » (aussi écrit « Runz » ou « Runs »), traduisible par « lit d’eau ».

Blason et armoiries

Les armes de Rountzenheim se blasonnent ainsi : « D’azur au sablier d’or, surmonté d’un croissant versé du même. »

Le village est mentionné pour la première fois en 884 sous le nom de Ruadmundesheim dans un acte de donation signé par l’empereur Charles le Gros en faveur du couvent de Hanau. En 1359, Runsheim appartient aux seigneurs de Flekenstein et fait partie jusqu’à la Révolution française du comté de l’Uffried.

Les maisons à colombage

La plupart des maisons à colombage datent des 18ème et 19ème siècles, les premières datant du Moyen-âge. Les types de maisons à colombage sont nombreux et rarement identiques car chaque charpentier avait son style, à adapter aux exigences du propriétaire.

La disposition de la charpente a toujours eu une valeur symbolique. La maison étant un lieu de refuge, il fallait la protéger contre les esprits maléfiques, la foudre ou les guerres. Les panneaux entre les poutres sont le plus souvent remplis avec un mélange d’argile et de paille : le torchis, lui-même tenu par des palançons (supports en bois).

Le toit des maisons à colombage est toujours à forte pente, pour mieux supporter le poids de la neige. Pour les parties visibles, les bois utilisés sont le chêne et le châtaignier, plus résistants aux intempéries. Pour les charpentes et les cloisons intérieures, le sapin, le pin ou le peuplier, sont plus faciles à travailler.

Ces maisons font partie de notre patrimoine. Essayons de les conserver car elles font aussi le charme de nos villages ! A Rountzenheim il y en a encore 72, dont 24 à deux étages.

C’est un héritage qui a survécu à plusieurs guerres. A nous d’en assurer la pérennité, en l’honneur de nos ancêtres.

D’après Henri Jacob et Frédéric Sturm « Deux villages, un clocher », 1996.

La Guerre

Mars 1945, le jour fatidique

Témoignage de Mme Madeleine Mercier, née Heintz, le 12 septembre 1920 à Rountzenheim.

Pendant la guerre 1939-45, j’ai travaillé à la « Chemiserie » à Soufflenheim.

J’y étais employée à la confection de chemises et manteaux que les soldats allemands portaient en hiver pour se rendre invisibles. A cette époque, nous avions déjà reçu l’ordre de boucher tous les trous ou fissures aux portes et fenêtres, dès que la nuit tombait, afin qu’aucune lumière ne puisse filtrer au dehors.

Le 12 décembre, les Américains ont libéré le village une première fois. Tout le village était en ébullition. Nous pensions tous que la guerre serait maintenant terminée. A quelques maisons, on voyait déjà apparaître les premiers drapeaux tricolores. Ils furent d’ailleurs vite rangés, car les Allemands ne se donnaient pas encore battus.

Puis vint la journée fatidique du 15 mars 1945.

Un recensement des poules devait avoir lieu dans la journée. Comme toujours, nous avons caché une partie de nos poules à la cave, pour ne pas devoir les remettre aux occupants allemands. Mais le soir, vers 17 heures, mes parents étaient juste en train de « remonter » les poules, des avions ont attaqué le village. J’ai encore entendu le mitraillage et j’ai crié à mes enfants: « vite, à la cave! »; puis j’ai ressenti comme un violent coup sur mon bras gauche et je me suis évanouie.

Lorsque je revins à moi, j’ai vu mes parents et des soldats allemands qui étaient en train de déblayer les décombres de notre maison en ruines.

Ils m’ont sortie de la cave par le soupirail et deux soldats allemands m’ont conduite à l’infirmerie mobile (Notlazarett) installée dans la grange de Victor Buchel, au 8, rue de la Forêt. Un infirmier m’a alors mis un pansement sommaire et une ambulance m’a emmenée à un hôpital militaire de Beinheim.

Dans cette ambulance avait également pris place ma fille Liliane, qui avait une blessure à la tête. Lorsque l’ambulance est passée devant la propriété de M. Alfred Wolff, au 4, rue de la Mairie, j’ai vu à travers la vitre que sa grange était en feu. Certainement qu’une bombe incendiaire était tombée dessus. Dès notre arrivée à l’hôpital, un médecin a renouvelé mon pansement, et, vu la gravité de ma blessure, m’a immédiatement transférée à l’hôpital civil de Baden-Baden. La blessure s’était infectée par le phosphore contenu dans la balle qui m’avait frappée et les médecins m’ont alors amputée de mon avant-bras gauche.

Je suis restée environ trois semaines à l’hôpital de Baden-Baden et j’ai été très bien soignée. Des médecins aux infirmières, ils ont tous fait le maximum pour les blessés. La nourriture était à peu près convenable: de la soupe avec quelques petits morceaux de viande. Nous avions très peur. Sans arrêt nous entendions des coups de feu, des grenades et des bombes qui explosaient aux alentours.

Début avril 1945,

j’ai été transférée au « petit hôpital » de Bischwiller. Après deux semaines de soins, ma plaie s’étant bien refermée, j’ai pu rentrer « à la maison ». Notre maison à Rountzenheim ayant été détruite, ma famille a trouve refuge au 39, rue Principale à Auenheim. C’était la maison des époux Ignace Kiener qui avaient préféré s’exiler chez leurs « amis » allemands.

Le 24 mai, j’ai accouché de mon troisième enfant, Alfred.

De retour chez moi, j’ai commencé à ressentir toute l’étendue mon handicap. J’ai souvent pleuré, à cause des douleurs à mon bras blessé, et en pensant à mes trois enfants en bas âge… Avec seulement une main, comment vais-je pouvoir les soigner ?…

En plus, les douleurs à mon bras s’amplifiaient de jour en jour, pour devenir intolérables. Notre médecin de famille, le docteur Allot de Soufflenheim, m’a alors fait hospitaliser à Strasbourg. Les médecins diagnostiqué une nouvelle infection de l’os de l’avant-bras. L’opération, effectuée sous anesthésie locale, a éte véritable cauchemar pour moi. Encore aujourd’hui, j’entends le bruit de la scie.

D’après Henri Jacob et Frédéric Sturm « Deux villages, un clocher », 1996.

La mêlee, le pumpernickel et le chewing-gum

Témoignage de Mme Alice Hoehn, née Wolff, le 2 avril 1927 à Rountzenheim.

Nous sommes partis le samedi 2 septembre 1939, vers 9 heures du matin, avec les habitants d’Auenheim et ceux de Fort-Louis.

Après cet intermède, nous avons repris la route direction Marlenheim. A la gare un train de marchandises nous attendait et l’embarquement eu lieu le jeudi 14 septembre, au courant de l’après-midi.

Avec ma famille, nous avons trouvé refuge chez Mme et M. Boury, un couple âgé sans enfant à Pierre-Buffière. En général, les habitants de Pierre-Buffière étaient très accueillants et très gentils à l’égard des réfugiés alsaciens. La grosse difficulté résidait dans le fait que les personnes âgées parmi les réfugiés ne parlaient pas le français ou très peu.

En Août 1940, nous avons reçu l’ordre du rapatriement..

A Mulhouse, les troupes allemandes nous ont accueillis en fanfare. Le 12 Août 1940, nous sommes revenus au village. Peu à peu, tout fut remis en place et nous avons retrouvé le cours normal de notre vie.

Les Allemands nous distribuaient du ravitaillement et nous ramenaient du bétail, le tout gratuitement.

Les autorités allemandes tentaient de convaincre ces Alsaciens plutôt récalcitrants, que le régime hitlérien était le seul capable de nous apporter bonheur et prospérité. Pratiquement tous les jeunes de 14 à 17 ans furent enrôlés dans la jeunesse hitlérienne.

Le 12 décembre 1944, les Américains nous ont libérés une première fois mais le 6 janvier 1945, les Allemands ont réussi à reprendre le village. Ils ont pu tenir jusqu’au 16 mars. C’est pendant ces deux mois que le village avait le plus souffert.

Quatre mois après, nous avons fêté « notre » premier 14 juillet après la libération. Ce jour, c’était vraiment la fête au village. Des chariots furent décorés avec des branches de sapin et des fleurs en papier et défilèrent dans tout le village. Les enfants ont chanté la « Marseillaise », à chaque maison, il y avait un drapeau tricolore… Tout le village se sentait concerné et chacun était heureux de pouvoir participer à la fête. Les mots d’ordre de la Révolution : Liberté-Egalité-Fraternité, étaient redevenus d’actualité. Aujourd’hui, cela a beaucoup changé. Il est bien loin le temps de la libération …

D’après Henri Jacob et Frédéric Sturm « Deux villages, un clocher », 1996.

Soldats morts pendant la guerre 1914-1918

NOM PRÉNOM DATE LIEU
ALLGAYER Frédéric 29/08/1914 dans la forêt de Morjin
ARBOGAST Georges 27/08/1914 à Chervavil
BECKER Guillaume 24/08/1918 à Enskirchen
ELCHINGER Auguste    11/1917
ELCHINGER Charles 07/05/1917
ELCHINGER Joseph 27/09/1918
GREINER Charles 22/09/1914
HOEHN Georges 31/12/1914 à Lowiez
KEHRES Alphonse 23/05/1918 à Serre
KEHRES Antoine 20/10/1914 à La Bassée
KEHRES Edouard 15/02/1915
KEHRES Jean 30/09/1914
KEHRES Valentin 05/05/1915 à Lubowo
MALLO Emile 04/12/1914 à Legenbuch
MALLO Guillaume 29/03/1918 à Morlancourt
SCHWARTZ Joseph 15/10/1914 à Namur
SCHWARTZ Mathieu 27/11/1914 dans les Ardennes
WANDER Emile 20/03/1915 à Polar
WOLFF Frédéric 24/08/1914

Les soldats morts pendant la guerre 1939-45

NOM PRÉNOM DATE LIEU
CLEMMER Charles 14/02/1945 front de l’est
GRESS Louis 26/11/1943 Sloboda (Russie)
HARTER Fernand 30/05/1945 Tambov (Russie)
HEIDEIER Louis 13/10/1944 Formeloch (Hollande)
HEINTZ Alfred 16/09/1944 en Russie
HOEHN Alfred 06/01/1945 Tiflis (Russie)
HOEHN Emile Georges 26/08/1944 Jassy (Roumanie)
HOEHN Frédéric 12/12/1943 en Russie
HOEHN Georges Chrétien 19/11/1943 Niroki (Russie)
KIENTZ Charles 28/09/1943 Balika
LANG Charles 30/12/1944 Hamburg (Allemagne
LANTZ Camille 10/04/1944 Maly (Crimée)
MEHR Albert 25/03/1945 Medecina (Italie)
MEYER Marcel 06/10/1944 Ile d’Oesel (Estonie)
MOCK Robert 19/11/1944 Niederbronn

Le Canal Vauban

Dès 1700, Jean-Baptiste de Régemorte, sur une idée du maréchal Vauban, propose de construire un canal reliant La Wantzenau à Seltz. La construction débute en février 1707 sous les ordres de Jacques Daudet.

Pionniers, soldats et paysans sont réquisitionnés pour effectuer les travaux de terrassement. La première partie du Canal, de Drusenheim à Seltz se termine fin avril 1707. Le trajet allant de Drusenheim à La Wantzenau se poursuit sous Louis XIV.

Initialement prévu pour transporter du bois, le Canal est utilisé par l’armée et s’abime rapidement. Les projets de rétablissement sont nombreux mais le Rhin devient un fleuve navigable.

Aujourd’hui, en partant de Rountzenheim par la rue de la Forêt vers Sessenheim, vous le verrez environ 100 m après la forêt, rejoignant la ligne de chemin de fer près de la décharge. Visible près du passage à niveau entre nos deux villages, il longe les vergers derrière la rue des Cigales et la rue de la Mairie, passant sous la N63, route de Soufflenheim, puis sous la ligne de chemin de fer pour arriver derrière la Gravière puis sous la D46 vers Fort-Louis. Le canal Vauban forme ainsi la frontière naturelle entre Auenheim et Rountzenheim.

D’après Henri Jacob, tiré de l’annuaire 1992 de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Ried Nord.

Les lignes de chemin de fer

Strasbourg- Lauterbourg

Après l’annexion allemande, une ligne est mise en service qui relie Lauterbourg à Strasbourg. Elle possède deux voies, prolongées jusqu’à la frontière allemande. L’ouverture au trafic s’est faite le 25 juillet 1876. Aucun arrêt n’était prévu à Rountzenheim, mais la ténacité du maire de l’époque, Michel Wolff, a permis la construction d’une gare pour la commune.

Haguenau-Roeschwoog-Rastatt

Inaugurée le 1er mai 1896, elle est le prolongement de tronçon Saverne-Haguenau et Sarreguemines-Haguenau vers le pont du Rhin de Roppenheim-Wintersdorf. Avant la guerre de 39-45, le trafic moyen journalier était d’environ 300 voyageurs, principalement des ouvriers et des écoliers.

Pendant la guerre, le pont d’Oberhoffen a été détruit et le trafic voyageurs interrompu suite au sabotage du pont du Rhin le 14 mai 1940. Aujourd’hui, une seule la ligne Strasbourg à Lauterbourg est encore exploitée pour le trafic passagers et marchandises. La liaison Haguenau – Roeschwoog est remplacée par une route.

D’après Henri Jacob et Frédéric Sturm « Deux villages, un clocher », 1996.

La Coopérative Laitière de Rountzenheim

Le 9 juin 1950, 7 agriculteurs fondent « La Coopérative Laitière de Rountzenheim » : 61 membres, des agriculteurs et agriculteurs-ouvriers s’y font inscrire la première année.

Le Conseil d’Administration décide de changer son nom en 1951, pour « Coopérative Laitière Agricole La Rurale Rountzenheim. »

Elle gérait alors la collecte de lait (record de 247 140 litres en 1954) pour un cheptel de 298 bovins, la batteuse et le frigo collectif sous la gérance de Mme Marguerite HOEHN.

On y venait pour acheter de la crème en boîte, du fromage ou du lait. La Laiterie fut dissoute le 31 décembre 1976. Aujourd’hui, il reste encore 3 grandes exploitations agricoles et des agriculteurs retraités qui cultivent quelques parcelles.

D’après Henri Jacob et Frédéric Sturm « Deux villages, un clocher », 1996.

Administration

Liste des maires successifs

DATE DÉBUT DATE FIN IDENTITÉ
2016 en cours Bénédicte KLÖPPER
2014 2016 Bernard KRAUSS
2011 2014 Robert MOSSER
1995 2011 Jean-Jacques HEINTZ
1971 1995 Fernand BOGNER
1947 1971 Charles HOEHN
1945 1947 Georges BECKER
1945 1945 Henri SUTTER
1945 1945 Herbert LANG
1942 1945 Michel HAUSWIRTH
1940 1942 Frédéric HEINTZ
1926 1940 Guillaume WOLFF
1902 1926 Georges BENDER
1896 1902 Georges HOEHN
1860 1896 Michel WOLFF
1843 1860 Chrétien WOLFF
1830 1843 Jean-Valentin WOLFF
1816 1830 François FRIEDMANN
1815 1816 Chrétien NAAS
1811 1815 SPRINGER
1799 1811 Christian WOLFF
1796 1799 Jean HOEHN

Les rues de Rountzenheim

L’arrêté municipal du 7 juillet 1967 voit les rues communales recevoir de nouvelles dénominations et un nouveau numérotage. Avant cette date le numérotage était fait à travers tout le village du N° 1 (l’actuel 8, rue de Soufflenheim) au N° 159 (l’actuel 2, rue du Moulin).

Pendant l’annexion (1939-45), les Allemands avaient changé le nom des rues.

En voici quelques exemples avec les rues de Rountzenheim :

1967 AVANT 1967 1939-45
Rue de Soufflenheim D’Stänstross ou d’Süfflumerstross Sufflenheimer Strasse
Rue des Fleurs D’Vordergass Herrmann Goering Strasse
Rue de la Mairie D’Hintergass Robert Ley Strasse
Rue de la Paix S’Freschegassl Froschengasse
Rue des Jardins S’Klängassl ou S’Dannygassl Gartenstrasse
Rue des Prés D’Suppegass Herrmann Goering Strasse
Rue Neuve De Kochleffel et la moitié vers Auenheim S’Nejderfl Herrmann Goering Strasse

Anecdotes

D’Hoftname

Au 18ème et 19ème siècle, il était fréquent d’utiliser des surnoms.

A Rountzenheim, beaucoup de familles portaient les noms de Wolff, Hoehn et Wander, ainsi que les mêmes prénoms. Pour les différencier des uns des autres, on leur attribuait un surnom relatif au métier, à une animalie physique, à un ancêtre. Par exemple, en parlant de Roland Kröger, on disait souvent : der Ditsch wie in’s Dicke Falter Hüss wohnt ! (l’Allemand qui habite la maison du gros Valentin).

Exemples :

  • Mme Susanne Bapst, S’Schumacher’s, car elle vivait dans la maison d’un ancien cordonnier.
  • M. Nicolas Feneis, S’Stresler’s, car sa maison était au bord de la route.
  • M Christophe Dossmann, S’Metzjer’s, car son arrière-grand-tante tenait une boucherie avant la Seconde Guerre Mondiale.
  • Mr Willy Bender, S’Backerhanse, car on suppose que son grand-père Jean était boulanger.

D’après Henri Jacob et Frédéric Sturm « Deux villages, un clocher », 1996.

Pfannifuchser

« Pfannifuchser » : « avares » ou « extorqueurs de sous » était le surnom donné aux habitants de Rountzenheim. L’origine de ce surnom date du 19ème siècle.

Un jour d’hiver, des adolescents de Rountzenheim firent de la luge avec les jeunes de Sattmatten, et le soir, en rentrant, ils se sont insultés de en criant « Griesbabbseckel ! ». Les gens de Sattmatten s’en plaignirent auprès des tribunaux, qui condamnèrent les jeunes de Rountzenheim à une amende.

Les adolescents passèrent alors chez tous les commerçants pour mendier des sous et l’amende fut intégralement payée en centimes (Pfanni) ! D’où le surnom de Pfannifuchser.

Les habitants de Rountzenheim portent également le surnom de « Gäsbeck », « les boucs ».

D’après Henri Jacob et Frédéric Sturm « Deux villages, un clocher », 1996.

Les Paroisses

La construction de l’église de Rountzenheim s’est déroulée de 1779 à 1781.

L’église que nous connaissons en 1995 n’est pas le premier bâtiment : une construction antérieure l’avait précédée. Elle était située plus au Nord-Est, vers l’école et le presbytère protestant. De 1543, date de l’introduction de la Réforme dans le Comté de Fleckenstein, jusqu’à la Révocation de l’Édit de Nantes en 1685, ce premier bâtiment était consacré au culte protestant. A partir de ce moment, les églises devinrent églises simultanées, là où on recensait un minimum de 7 familles catholiques. Le simultaneum fut introduit à Rountzenheim en 1696.

En 1777, les habitants du village signalèrent au Cardinal de Rohan-Soubise, (c’est lui qui entre temps avait pris possession de l’ancien Comté de Fleckenstein) le mauvais état de l’église d’alors. Le cardinal autorisa la construction d’un nouvel édifice, à condition que cela fût à la charge des habitants du village. Cette construction fut érigée grâce à la participation de tous les habitants (contribution financière, ou encore mise à disposition d’attelages de chevaux pour le transport des matériaux de construction).

La première pierre du nouvel édifice fut posée le 26 août 1779. Les travaux s’achevèrent le 18 novembre 1781.

Pour l’inauguration, la municipalité organisa, comme le voulait la coutume, une distribution de pain et de vin à tous les habitants de la commune. Cette église était propriété de deux confessions, les habitants de tout le village ayant participé aux travaux.

En 1789, lors de la Révolution Française, le bâtiment devint propriété de la commune de Rountzenheim.

Grâce aux démarches du sculpteur Marzolff, l’église fut enregistrée dans l’inventaire complémentaire des monuments historiques :

la construction, de style baroque, est rare dans notre région, une partie du mobilier date d’avant la Révolution…

Une répartition des temps de messe fut établie et confirmée à Saverne, un 18 décembre, permettant aux catholiques et protestants de célébrer les cultes sans empiéter sur leurs horaires respectifs. Ces déterminations furent confirmées en 1972 par le vicaire épiscopal.

Puis se créa un Groupe de Travail Intercommunal et Interconfessionnel pour la rénovation de l’église de Rountzenheim, ancêtre de l’actuelle Association.

Dans ses « Souvenirs », Albert Schweitzer écrivait en 1924 :

« L’église de mon village utilisée fraternellement par catholiques et protestants, m’a enseigné la tolérance. Mon coté d’enfant trouvait déjà beau que, dans notre village, catholiques et protestants célèbrent leur culte dans la même église.

Et maintenant, je me sens pénétré de joie chaque fois que j’en franchis le seuil. Je souhaiterais que toutes les églises d’Alsace communes aux deux confessions demeurent telles, comme un gage pour l’avenir ; de la concorde religieuse vers laquelle nos espoirs doivent tendre, si nous sommes de vrais chrétiens. »

D’après Henri Jacob , « Paroisse protestante Rountzenheim – Auenheim, Soufflenheim », 1998.

L’orgue de Rountzenheim

Commandé le 10 octobre 1820 pour la somme de 3 500 francs à la célèbre manufacture d’orgues Stiehr & Mockers, de Seltz, l’orgue de Rountzenheim fut réceptionné le 20 novembre 1822 par Jean Klein, organiste à Sessenheim et François Bernauer, organiste à Leutenheim.

Le premier organiste titulaire fut Philippe Jacques Mockers (1782 – 1852), un membre de la famille des facteurs d’orgues.

L’orgue fut réparé à plusieurs reprises, puis sérieusement transformé en 1938 par Georges Schwenkedel : remplacement de la traction mécanique par une traction pneumatique, indépendance de la console, reculement du buffet d’orgue, suppression du Tremblant doux…

Réquisitionnés par l’armée en 1917, les tuyaux de façade ont été remplacés par des tuyaux en zinc.

Une restauration majeure est opérée en 1991 par Gaston Kern, qui rétablit la composition originale de Stiehr, avec une étendue de pédale à 27 notes, permettant à l’orgue de Rountzenheim de retrouver la sonorité d’origine.

Par arrêté du 23 aout 1977, le buffet de l’orgue de Rountzenheim est désormais inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.

D’après Henri Jacob , « Paroisse protestante Rountzenheim – Auenheim, Soufflenheim », 1998.

Les cloches

L’inauguration d’une des cloches de l’église de Rountzenheim s’est déroulée le dimanche 16 septembre 1948.

Voici le texte coulé dans la cloche : « Ta croix, Seigneur, nous la bénissons »

La cloche est dédiée à St-Joseph, pour les communes de Rountzenheim et Auenheim, en la présence des maires M. Charles Hoehn et Joseph Schott, le curé Joseph Kuhn, l’adjoint Eugène Kehres, les parrains Charles Mahler et Marcel Mosser, ainsi que les marraines Thérèse Bohn-Braun, Catherine Steck-Kientz et Claire Buchel.