Jean Louis HOEHN – président des SRRA s’en est allé.

JLH

Bien au-delà de la centaine de licenciés d’un des plus anciens clubs de football d’Alsace, les SRRA de Rountzenheim – Auenheim, c’est tout un village qui vient de voir disparaitre un des piliers du milieu associatif et sportif local.

Jean Louis HOEHN président des « Sports Réunis Rountzenheim Auenheim », le club de football local presque centenaire, s’en est allé dimanche 24 février, à l’âge de 56 ans, à la suite d’une maladie qui le minait depuis un certain temps.

C’est à son domicile que le dirigeant et premier supporter des SRRA est décédé en cette journée d’hiver, laissant derrière lui son épouse et ses deux fils.

Sa vie fut un long parcours d’homme engagé au sein de son village. Après le décès de son père, il  intègre le corps des sapeurs- pompiers au sein de la section locale du village de 1983 jusqu’à l’extinction du Corps en 2008, au grade de sergent-chef.

Supporter des SRRA de la première heure, il passa par le poste de délégué (1999-2000), par celui de secrétaire puis de vice-président, pour endosser en 2005, le maillot de président du club, succédant au président décédé Armand KIEFFER, « pour poursuivre », comme il aimait à le dire, « l’œuvre entamée ».

Depuis cette époque, le président était sur tous les terrains.

Celui de l’administratif dont il connaissait les arcanes et subtilités des règlements sur le bout des doigts. Celui du festif également, moments plus agréables que l’animation souvent ardue du club au quotidien, tout comme l’organisation d’évènements, indispensables à la survie financière de l’association.

C’est en 2003, avec  son soutien, que les SRRA mettent à disposition leur club house, permettant ainsi aux  conscrits d’organiser le premier « bal des conscrits ». Depuis, cet évènement dont les premières  organisations  furent orchestrées par Manuel FRISON son filleul, membre actuel du comité, pilier des SRRA et garant de la pérennité de ce bal, pour les classes d’âge qui se succèdent, est incontournable.

D’autres évènements dont on reconnait à Jean Louis HOEHN l’origine, comme les repas « kesselfleisch », le « frünlingfest » dont il était si fier, sans oublier le stage de foot pour les jeunes du village, jalonnent la vie du club. Parmi ces festivités, la fête majeure le messti, dont les SRRA sont les organisateurs, reste indissociable de l’animation sociale de la vie des habitants de la commune. Ces nombreux évènements donnent aux SRRA cette âme si particulière de club de village qui divertit toute la population.

De grandes célébrations jalonnèrent également l’ère Jean Louis HOEHN, dont les 80,  85 et les 90 ans du club. Ces évènements d’envergure furent l’occasion de faire rayonner l’image de l’association phare du village bien au-delà de l’Uffried Nord. A la préparation de ces occasions en particulier, ce travailleur inlassable n’hésitait pas à mettre la main à la pâte.

On l’a ainsi vu poncer puis repeindre les rambardes du terrain, repeindre les montants des buts, entretenir le terrain. Dans ces taches il ne manquait jamais d’ailleurs d’associer ses deux fils Aurélien et Florian, qui de « gré ou de force » se prêtaient à l’exercice de la tenue de la caisse des entrées des jours de matchs, à la tenue du bar, à la participation et à l’organisation logistique des festivités.

Sur le terrain sportif, le président HOEHN a réussi à maintenir l’équipe fanion à des niveaux relativement stables, en passant par des hauts en promotion mais aussi des bas en division 2.

Jamais le président, quelle que soit le niveau de son équipe n’allait à l’encontre de ses entraineurs ou ne faisait irruption dans la sphère technique maitrisée par les coachs. Ainsi,il a toujours soutenu ces derniers, reconnaissant leur travail et leur investissement dans l’animation, les choix techniques, et le coaching de l’équipe. Jamais il n’est intervenu dans la composition d’une équipe à aligner le dimanche, laissant cette tache au combien ingrate, aux spécialistes techniciens.

Durant les 14 ans de sa présidence, il a ainsi côtoyé 4 entraineurs dont Roland MULLER (1999 à 2008), Claude STURM (2008-2011), Raphael NAGEL (2011 à 2016) et aujourd’hui Caroline DEUBEL (FRISON) qui tient les rênes de l’équipe I qui évolue en promotion (actuelle District 2). Ce nombre restreint d’entraineurs en 14 ans de présidence illustre par ailleurs une certaine stabilité.

Sur le terrain technique des infrastructures, avec toujours « un match d’avance », cet homme de terrain avait su solliciter les aides indispensables à la mise aux normes du club house. C’est sous sa présidence que des grands chantiers de rénovation furent menés dont le ravalement complet de la façade, le remplacement du système de chauffage, la mise en place d’un nouveau système d’arrosage, mais surtout le maintien et l’entretien de l’éclairage sur le terrain annexe.

Il ne comprenait pas le non engagement actuel de certaines personnes vivant dans notre société si individualiste. Pour lui c’était « alles oder nix », « si tu t’engages tu le fais à fond ». Comme sur le terrain, chacun était à son poste dans l’organigramme du club et les problèmes se réglaient bien souvent à la buvette, le jeudi soir, il ne fallait pas remettre au lendemain ce qui pouvait se régler rapidement sans réunion plénière.

Passionné de sport en général, il était supporter du Racing Club de Strasbourg et depuis peu de temps de la SIG, qu’il allait supporter lors des matchs à domicile.

Il laisse un club avec un esprit de famille qui est sa marque de fabrique. Un club à la réputation marquée et aux individualités fortes. Il détestait les cartons que ses joueurs se voyaient attribués « bêtement », pour incivilités sur le rectangle vert. « Ca pénalise le collectif, l’image de notre club ; je ne travaille pas pour cela ! » aimait-il à rappeler aux membres du comité et aux joueurs.

Depuis ce dimanche de février, on ne verra plus sa silhouette bien connue, arpenter, en jogging brodé des initiales « JLH » et aux couleurs de son club, les longueurs du stade Charles Kléthi.

Son « cahier de président », qu’il avait toujours sur lui est bien rempli. Il y consignait méticuleusement des anecdotes, les comptes et résultats financiers du club, des notes diverses concernant le football et la vie. Le foot c’était une tranche de sa vie et de celle de ses proches qui l’on suivit, mais de ce grand cahier, la dernière page est restée blanche, immaculée, comme celle d’un livre inachevé.

La fin du match est sifflée, dimanche le douzième homme ne sera pas là ! Au revoir Jean-Louis.